Figure(s), Figuration, Non-Figuration, Non-Figure(s)

L’apparition de nouvelles connaissances, ainsi que de nouveaux domaines de recherche, attribue une information supplémentaire (voire différente) aux mots utilisés. La combinaison des termes du titre de cette recherche phénoménologique devrait leur apporter une information à caractère récurrent. Elle prédétermine le caractère structural de cette démarche.

Cette recherche se veut être une analyse scientifico-méthodologique des normes visuelles de la perception de la réalité des figures. Elle définit dans le cadre d’une approche personnelle des concepts de base de ce qui produit l’effet de figuration et de ce qui amène à la percevoir comme non-figuration et d’en montrer la complémentarité conjonctive et interelationnelle.

La perception de figures est due au renvoi récurrent sur les mécanismes cognitifs, qui par reconnaissance dans leur programme conditionné produisent le sens figuratif.

La figure humaine apparaît aujourd’hui comme un être organisé qui contient dans l’entité de sa construction de l’information utilisable. Elle, en tant que référence (modèle artistique) est source de proportions, dimensions, courbures qui sont perçues comme idéales par l’homme. L’homme est la figure d’après laquelle est conçu son environnement. Sa structure détermine l’espace qu’il occupe; lorsqu’elle se déforme (lors d’un mouvement) l’espace se déforme aussi.

Première esquisse pour la recherche de posture

La conception de poses, positions du corps humain engendre non seulement une picturalisation, mais un support sur lequel la picturalisation pourra s’effectuer. De l’hypothèse que le corps humain crée l’espace vient l’idée qu’il peut aussi déterminer le support de représentation (au lieu de s’adapter traditionnellement à des formes géométriques données préalablement). La forme du corps humain détermine donc la forme du support et ce dernier pourra agir aussi sur la position que prendra une forme humaine. On voit donc que la multiplicité des combinaisons de positions apportera une multiplicité de formes de support. Le caractère de la pose de la figure humaine produira le caractère du support; le premier déterminera le choix du climat chromatique que prendra l’ensemble ainsi que du matériel utilisé (la pose est-elle agressive, calme …?).

Si la pose de la figure est une action arrêtée, il pourra s’en suivre une autre position avec un autre mouvement qui donnera aux supports toutes les caractéristiques du mouvement en question (mouvement en avant, en arrière, vers le haut, vers le bas, circulaire, rotatif …).

La transformation du support par la contrainte morphogénératrice de la figure relève le support du qualificatif « médium porteur » au niveau de contenant informatif d’importance égale à son contenu figuratif (le support n’est plus subordonnée, mais produit une hierarchie enchevêtrée rivalisant avec son contenu pictural).

Le support devient figure lui-même tout en étant non-figure au sens traditionnel.

Par ailleurs le corps agit, lorsqu’il fait un mouvement, sur l’espace et le temps, et cette action spatio-temporelle se reflétera sur les dimensions que prendront les supports ainsi sur leur positionnement dans l’espace. Le mouvement sera lisible par la forme des supports et leur disposition dans l’espace. Dans un espace donné, un sujet figuratif en mouvement mettra « en image » sa relativité spatio-temporelle.

La figuration est la juxtaposition organisée de matières différentes, la non-figuration, celle de leur « apparente » désorganisation.

Il y a donc relation entre figuration et non-figuration. La construction de figures est dépendante de l’application d’une syntaxe du langage pictural. Ceux qui auront connaissance de cette syntaxe pourront « lire » l’image comme étant figurée, les autres y verront une représentation « abstraite » (non-référentielle).

Selon leur organisation les signes induiront du sens figuratif et non-figuratif:

si on organise des touches selon des vecteurs, des directions et des points de repère bien déterminés, on reconnaîtra un oeil, un nez, une bouche, une tête, un corps humain …, mais en dernière analyse sur le support on n’aura vu que des touches qui sont des étalements de matière (pigments colorés ou autres matières), des apparitions éphémères qui ne prennent leur existence relative que dans le champ mental.

Cette dernière proposition remet en question le pourquoi du partage de la figuration et de la non-figuration.

Miroir abstrait

La production d’objets picturaux provient d’une stratégie de réflexion. Avant toute mise en pratique il y a élaboration mentale d’un projet (sous forme de programme d’action). Le projet engendre sa réalisation par sa traduction du niveau cognitif au niveau matériel. Il y a une vectorialisation de l’intérieur du corps humain vers un extérieur, une directivité qui matérialise la projection cérébrale en une expression concrète.

Comme nos mécanismes de connaissance fonctionnent par échange récurrent entre l’ intérieur et l’extérieur, il est évident que les vecteurs de projection ne vont pas que dans une direction, mais qu’au cours de réalisation du projet, les contraintes des matériaux utilisés agissent à nouveau sur la structure du programme. Les figures sont le point de départ de la procédure d’action, elles sont l’observé (l’énergie reçue du dehors) retenu en expression matérialisée (bois, toile, couleur, matière synthétique ou organique).

À partir des observations empiriques seront établis des postulats, qui amèneront à formuler une théorie de la figuration. Cette théorie est synthétique, ses propositions induiront des propositions contraires qui ne seront pas issues de l’observé. Elles formuleront l’antithèse: la théorie de la non-figuration. Du non-observé, de la synthèse cognitive, apparaîtront des produits matérialisés que seront les non-figures.

Il est évident que les produits de synthèse agiront sur les produits d’observation. Ils auront une action modificatrice sur la façon de recevoir et de concevoir les derniers. Il en est ainsi pour les structures théoriques qui devront réadapter les moules structuraux de leur système de connaissance en fonction des résultats issus de la combinatoire de la volonté consciente (choix) et du hasard organisationnel, rencontrés en cours de réalisation.

La méthodologie ressemblera à celle de la démarche scientifique. Elle en retiendra sa propriété d’être muable, tout en se référant à des domaines de connaissance d’apparition assez récente comme la cybernétique, la théorie de l’information, la systémique, la sémiologie, l’ergonométrie, la physiologie du cerveau et la neurobiologie.

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