Nous voilà maintenant en face d’un autre problème: celui d’organiser (picturalement) le support inversé pour qu’il corresponde à son homologue tout en étant différent. En effet, notre support inversé a une forme qui contient des lois inhérentes qu’il nous faudra respecter si nous ne voulons pas faire n’importe quoi.
Si, au hasard, nous nous donnons une forme de support (un carré, un rectangle, un cercle ou un triangle, par exemple) et si nous voulons la peindre, il faudra observer les tensions que créent sa géométrie intérieure. En même temps, il nous faudra respecter l’inscription de la figure réaliste de notre support de départ, car n’oublions pas que c’est l’effet illusioniste et son organisation picturale que nous voulons interpréter par la matière qui le constitue.

À cet effet, nous reprenons la même matière picturale, les mêmes couleurs, mais nous les disposons autrement sur la surface de notre support inversé. Ainsi, nous pouvons jouer sur la structure interne du corps humain, sur le rapport fond/figure, sur la géométrie de la configuration du support, sur la complémentarité de couleurs, sur les rapports opaque et transparent, solide et liquide etc.
L’homologue abstrait n’imite donc pas, il met en évidence le support et la matière. Placé en face du support de départ, il définit son homologue “réaliste » ainsi que sa propre existence. Notre peinture abstraite ne montre pas que son abstraction, elle renvoie à autre chose, mais elle ne montre pas de motifs réalistes.
Nos deux tableaux montrent une peinture où les deux pièces se renvoient la balle mutuellement: l’un qui par l’apparence de l’effigie nous fait oublier sa nature et son organisation matérielle l’autre qui par sa réalité matériologique et sa confrontation avec le premier nous la rappelle.
En face d’un tel tableau, nous sommes confrontés avec l’idée de départ, qui était de montrer l’image et la matière, simultanément.
