L’harmonie des formes provient de l’harmonie des proportions du modèle (corps humain). L’expression de la forme n’est pas neutre non plus, car elle reprend le caractère de l’expression de la posture retenue.
C’est ainsi qu’un mouvement d’expansion du corps humain va entraîner une configuration dynamique du support; une posture calme et retenue aboutit à un support de configuration calme. Nous voyons que la figure que nous voulons peindre ne s’adapte pas à la forme du support, mais qu’à l’inverse ce denier adapte sa forme à la forme du motif.
Mais il est vrai aussi qu’en pratique (c’est-à-dire, en retravaillant les croquis, en faisant des photos du modèle pour avoir plus de détails (pour l’effet réaliste) pour la réalisation de la peinture, en produisant des maquettes), l’agrandissement de ces dernières en format grandeur nature nous oblige à réinscrire, retravailler, repenser, l’image du modèle pour la faire coexister avec son support réel.

Après avoir matérialisé la première partie nous en venons à la partie abstraite de notre tableau en deux pièces. Là encore, nous partons du modèle (corps humain) de départ en prenant comme référence le support de notre partie réaliste. Ceci est important, car il nous faut une relation d’unité entre les deux, notre but étant de montrer que nous sommes devant deux pièces qui ne forment qu’un seul tableau, où les faces opposées ne se détruisent pas mutuellement pour pouvoir se montrer, mais au contraire, où elles coexistent tout en montrant simultanément leur présence.
Pour arriver à cette fin, nous avons pensé à donner à cette partie abstraite la même forme qu’à la partie de départ.
C’est ce que nous avons fait tout en y apportant une « légère » modification: nous avons inversé la forme exactement comme si on pouvait regarder le reflet de la forme dans un miroir. Ainsi, nous avons pu éviter la redondance: il auraitété superflu, inintéressant et monotone de refaire tout simplement la même forme et de la mettre à côté de la forme de départ pour affirmer que les deux supports étaient pareils.
Certes, nous aurions ainsi obtenu deux supports identiques que nous aurions peints de deux manières différentes: abstraites et réalistes. Mais, il nous a semblé plus intéressant et adéquat de trouver une deuxième forme de support qui soit analogue à la première tout en ne lui étant pas entièrement identique.
C’est pour cela que nous proposons une analogie de structure, c’est-à-dire une homologie. Notre support abstrait se présente donc comme un homologue, à une différence près: il est la projection inverse (comme l’image reflétée dans un miroir) du support réaliste, c’est-à-dire son homologue inversé.
Ceci nous a semblé être un moyen pour unifier nos deux supports tout en leur conférant un caractère d’opposition, ce qui est conforme à notre idée de départ qui est de montrer deux choses opposées, mais identiques à la fois. Cette symétrie inversée permet de mettre en relation les deux supports, qui ainsi du point de vue de la structure plastique fonctionnent comme un seul tableau.
